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Comment cela s’est-il traduit dans la pratique ?
.....Un mélange des genres et des .....discordances majeures
La lecture discriminatoire de la loi s’est poursuivie après 1991.
Les conséquences
.... Initiatives incohérentes et préjudiciables .... aux découvertes
.....Archives inexistantes
.....Absence de moyens financiers
.....Disfonctionnements
.....Spectaculaire et amateurisme
.....Absence de conseil scientifique
.....Dépendance et interventions aux suites .....aléatoires
....Opacité
Institutions et personnalités alertées et leurs réactions
DRAC Réunion : Service du Patrimoine :
conservateur du patrimoine, monuments historiques, archéologie, ethnologie, inventaire, architecture :
Or depuis 1991, la structuration, la modernisation et la réglementation de l’archéologie ont connu une accélération sensible. Cette évolution était indispensable
« à une époque où les plus graves menaces portant sur le patrimoine archéologique provenaient de la fouille clandestine et du trafic des objets découverts au cours de ces fouilles. Depuis, d'autres menaces sont apparues, celles notamment liées à l'aménagement urbain qui entraîne une érosion sans précédent du sous-sol des villes historiques et des zones rurales ». Source : Introduction de René DINKEL à la Convention de Malte, in Encyclopédie du Patrimoine, Paris, 1997.
Signée à Malte le 16 janvier 1992, la première convention européenne pour la protection du patrimoine archéologique, dite Convention de Malte, a été ratifiée par seize États membres, dont la France, le 6 mai 1992. Son entrée en vigueur en France a été fixée au 10 janvier 1996 par le décret n°95-1039 du 18 septembre 1995 (paru au Journal Officiel du 23 septembre 1995).
A la même époque, les articles II 1 et II 4 de la Convention Cadre signée le 1er juillet 1992 entre l'Etat français et l'Association pour les fouilles archéologiques nationales donnent une idée des précautions dont s’entoure l’Etat pour éviter les dérives techniques lors des fouilles autorisées.
Alors que Mayotte a été prise en compte de façon claire dans le décret 94-423 du 27 mai 1994 remplaçant la CSRA par la CNRA et créant les CIRA (commissions interrégionales archéologiques), aucune mention n’est faite de La Réunion.
Etait-il possible, à partir de ce moment, que la Circulaire n°056579 du 25 février 1997, concernant la mise en oeuvre des dispositions juridiques relatives à la protection du patrimoine archéologique qui insiste sur l’implication de la vigilance du service régional d’archéologie dans toutes les opérations lourdes, notamment en zone sensible fût appliquée correctement à la Réunion ? (voir annexe 2 à la page 469)
Les conséquences en ont été que :
Initiatives incohérentes et préjudiciables aux découvertes
en 1978, la découverte du tumulus funéraire de Saint-Leu ne connut aucune suite à cause de l’incompétence technique du responsable de l'antenne archéologique. Quel a été le sort réservé aux ossements collectés à des fins d’analyse ? (Voir annexe 2 page 451).
Fin des années 70 début des années 80, avec les autorisations complaisamment accordées à des chercheurs de trésors, de nombreux sites et vestiges furent compromis dans des zones sensibles (zone de l’actuelle route du littoral, région de Saint Pierre et de Saint Philippe). J’ai retrouvé une pièce qui n’a jamais été soumise à l’examen de scientifiques, oubliée dans un cagibi servant de débarras à une mairie de l’ouest de La Réunion.
Dans les années quatre-vingt furent découverts plusieurs sites de vie de marrons. A cause d’archives mal classées, voire en partie… « disparues », il est impossible de répertorier les découvertes. A cause de l’incompétence des découvreurs, il était d’ailleurs dès le départ exclus d’avoir des informations sur les endroits précis où se sont faites les découvertes, sur l’état des lieux, sur les découvertes mêmes. Le seul rapport consciencieux ayant existé sans doute satisfaisant sur le plan de l’expertise judiciaire a un goût d’inachevé sur le plan de l’archéologie.
Dans la plupart des cas, les sites ont été compromis et les vestiges – dans quelle proportion ? - disséminés. Le problème qui s’est posé à l’époque, c’est que tous ceux qui étaient considérés comme habilités à intervenir lors de découvertes avaient une connaissance plus que sommaire des pratiques cultuelles et culturelles des peuples d’où étaient originaires les esclaves qui ont été emmenés à la Réunion entre la fin du XVIIe siècle et la moitié du XIXe siècle. Et dans un milieu réunionnais béotien au possible, leur vernis de façade était le garant de la crédibilité de leurs conclusions.
Archives inexistantes
Pour ne citer que deux exemples,en 2004, à la recherche de rapports datant de la période comprise entre 1972 et 1986, j’ai appris de la personne nouvellement affectée à la réserve du Musée Léon Dierx, que des restes humains provenant de découvertes faites vers 1980 dans les Hauts de l’île traîneraient dans des cartons « quelque part » dans des locaux annexes du Musée. Mais aucune trace de rapport ni de registre n’en faisant état, aucun espace précis n’étant affecté aux pièces en question, il m’a été impossible d’en savoir plus. En 2006, j’ai pu voir dans la collection d’un musée privé à Saint-Philippe, des pièces collectées par un commandant de gendarmerie en 1983 sur un site de vie de marrons « quelque part » dans les Hauts de la rivière des Remparts. Hors du contexte et sans indications sur l’environnement dans lequel l’objet se trouvait, il n’est plus d’aucune utilité pour l’approche de l’histoire du marronnage.
En 1983, a été découvert un ossuaire à Saint-Pierre. Le chantier archéologique ne fut supporté que pendant cinq à six heures cumulées sur deux jours. Pourtant, si les conditions s’y étaient prêtées, cette découverte, traitée scientifiquement, aurait pu fournir des informations inestimables sur la période antérieure à l’établissement définitif des hommes sur l’île (voir en annexe 4 le rapport de la Responsable de l'Antenne archéologique d’alors à son interface au Ministère de la Culture, et en annexe 2 les pages 455 à 468).
Le 30 avril 1999, le Journal de l’Ile de la Réunion, revenant sur la récente découverte d’une pierre gravée au Tapcal, résume ainsi la situation après le départ de la responsable de l’antenne archéologique :
Absence de moyens financiers
Depuis son départ, seul le Groupe de recherches sur l’archéologie et l’histoire de la terre réunionnaise (GRAHTER) a pris le relais. La Direction régionale des affaires culturelles n’a pas fait de l’archéologie l’une de ses priorités.
Le problème, c’est que le GRAHTER est une petite association loi 1901 vivant de maigres subventions. Le GRAHTER fait pourtant l’effort d’organiser sur le site de la pierre gravée une visite de reconnaissance avec le concours d’un archéologue venu en mission à l’initiative de l’association (voir JIR du 8 mai 1999). À l’issue de la visite, il est question de la perspective d’inclure l’investigation scientifique du site dans la construction d’un projet archéologique régional global. L’absence de moyens n’a pas pu permettre la réalisation de ce rêve.
Année 2000. Alors que la presse s’était fait, le jour même, largement écho de la mise à jour par une entreprise de travaux publics de nombreux squelettes sur le port de Saint Pierre à quelques mètres du site de 1983, le fonctionnaire de la DRAC administrativement le plus à même à intervenir est, selon ses propres dires, arrivé sur les lieux quand la reprise des travaux avait commencé à bétonner l’emplacement.
Disfonctionnements
Disfonctionnement ? À quel niveau ? Selon les dires du service municipal concerné par la découverte – confirmés par l’article du Journal de l’Ile de la Réunion du 2 août 2000 – la découverte avait été immédiatement signalée aux autorités judiciaires et au sous-préfet. La DRAC a donc été mise aussitôt au courant. Ceci met en exergue, comme je l’ai exposé dans l’annexe 2 le disfonctionnement dans la prévention archéologique puisque trois ans auparavant la circulaire n°056579 du 25/02/97 citée plus haut avait mis l'accent sur le renforcement de la veille.
Il est important de rappeler ici que cette découverte a été faite à quelques mètres de celle de 1983. Et sans m’étendre sur l’événement, je dois dire qu’au moins un élément aurait dû alerter la DRAC et le Préfet : c’est qu’il ne pouvait s’agir d’un cimetière des années 1720 puisque les corps se trouvaient juste avant le talus, tout au bord de l’ancienne darse.
Spectaculaire et amateurisme
2001, août et septembre, avec un guide de haute montagne à leur tête, un groupe comptant un jeune historien préposé au rôle d’archéologue se livre au Tapcal à une intervention spectaculaire mais obéissant à des règles pour le moins originales d’intervention archéologique dans une zone sensible où le moindre indice détruit peut être une pièce capitale dont l’absence peut compromettre l’interprétation du puzzle. Quel a été l’impact de cette intervention sur le site de marrons concerné ?
En mars 2005 sous le titre « Guerre des fossiles autour d’une ancienne batterie maritime » la JIR du 28 livre à l’opinion une information qui peut être considérée comme un cas d’école :
« Le Groupe de recherche sur l’archéologie et l’histoire de la terre réunionnaise (Grahter) proteste contre les travaux de sondage d’une ancienne batterie maritime confiés à la Confrérie des gens de la mer. Le Grahter s’est même plaint auprès de la Direction régionale des affaires culturelles qui fait le dos rond, et de la mairie de Saint-Paul. Tandis que la confrérie refuse la polémique.
La polémique naissante entre l’association présidée par Marc Kichenapanaïdou et celle d’Éric Venner pourrait s’intituler “la guerre des fossiles”. Des travaux de sondage ont eu lieu du 21 au 24 mars autour d’un ancien bâtiment de défense situé sous les arbres du parcours de santé de Saint-Paul. Une opération réalisée par la Confrérie des gens de la mer et son historien Olivier Fontaine entouré de huit bénévoles. Les travaux s’apparentent davantage à un dépoussiérage en surface sur cette batterie, érigée entre le XVIIIe et le XIXe siècle, selon M. Fontaine. “Cette opération archéologique permettra de mieux comprendre la structure, le rôle et l’organisation de ces batteries, autrefois nombreuses dans tous les endroits de l’île où s’exerçait une activité maritime conséquente et où l’ennemi pouvait tenter de débarquer”, explique la Confrérie des gens de la mer.
Cette structure souhaite évidemment aller bien au-delà de la simple opération de sondage. Mais quelle ne fut pas sa surprise, lorsque, en ouvrant le Journal de l’île mardi matin, Marc Kichenapanaïdou apprend l’existence de ces travaux. Aussitôt, il décroche son téléphone, s’offusque auprès de la Direction régionale des affaires culturelles qui a délivré les autorisations. “Ce qu’ils font ressemble à du travail d’amateur”, fustige le président du Grahter. “Ils n’ont aucune qualification pour entreprendre ces fouilles. Ils travaillent sans méthode et sans compétence. Ils risquent de détruire des preuves précieuses”. La mise au jour d’ossements qui pourraient avoir appartenu à un chien, mais qui ont été “laissés en plan”, indigne M. Kichenapanaïdou. “Tout archéologue qui se respecte aurait soigneusement rangé dans une pochette plastique cette découverte afin de la faire analyser”, estime le patron du groupe de recherche sur l’archéologie et l’histoire de la terre réunionnaise. “Ils n’ont aucune preuve que ces os n’étaient pas ceux d’une tortue, d’un dodo ou autre animal disparu de La Réunion. À vue d’œil, personne ne peut juger. Ils manquent manifestement de conscience et de professionnalisme”. Des accusations face auxquelles l’association présidée par Éric Venner ne souhaite pas réagir, afin de ne pas amplifier la polémique. En tout cas, la première phase de l’opération est terminée. Elle s’est arrêtée au simple stade de sondage en surface de l’ancien bâtiment de guerre. Les bénévoles de la Confrérie des gens de la mer affirment avoir localisé une des portes d’accès à la garnison, dans la partie Nord. Leur mission terminée, ces derniers ont recouvert jeudi matin “la bande” qu’ils avaient arrachée au sable basaltique. “L’association a fait son travail. Elle a vu la configuration de l’ancienne batterie maritime. Maintenant c’est terminé, on n’en parle plus”, explique-t-on du côté de la Drac. Sans doute pour mettre un terme à la polémique, la direction régionale de la culture assure qu’“il n’y aura plus de suite”. Pas dans l’immédiat en tout cas, car l’objectif final de la Confrérie des gens de la mer est bien de réhabiliter entièrement une batterie maritime. Et pourquoi pas celle de Saint-Paul considérée comme l’une des mieux conservées de l’île. Pour cela, il faudra monter un dossier solide afin d’obtenir les financements nécessaires. Un challenge que le Grahter voudra relever lui aussi. Marc Kichenapanaïdou qui le laisse entendre ouvertement revendique d’ailleurs la légitimité d’une telle opération. Si la Drac n’a pas l’intention de laisser à tout jamais enfouis sous le sable noir, les secrets entourant les murs de l’ancienne batterie côtière, elle devra trancher le moment venu : qui du Grahter ou de la Confrérie sera habilité à entreprendre les fouilles ? G.L. »
Absence de conseil scientifique
L’attaque portée par le GRAHTER contre les fouilles entreprises par la Confrérie des gens de la mer illustre bien la situation de l’archéologie à la Réunion. Le rappel à la rigueur, au respect des règles élémentaires de l’archéologie sont à l’initiative d’une petite organisation qui joue à cette occasion le rôle d’une CIRA . Et comme pris en faute, le représentant de l’Etat, la DRAC, fait le dos rond :
« L’association a fait son travail. Elle a vu la configuration de l’ancienne batterie maritime. Maintenant c’est terminé, on n’en parle plus »
Sans vouloir faire de procès d’intention, on peut se demander si le recul de la DRAC n’est pas dû au fait que cet organisme avait conscience de n’avoir pas, dans cette affaire, respecté les prescriptions de la loi.
Dépendance et interventions aux suites aléatoires
En mars 2007 enfin, la presse écrite et audiovisuelle s’est fait l’écho, lors de la mise à jour par un raz de marée de la présence d’un cimetière non répertorié à Saint Paul, des aléas dont le site archéologique a pâti, pendant plusieurs jours, de l’absence d’une structure adéquate pour gérer ce genre de situation. La décision prise par la DRAC, sous la pression de la médiatisation de l’événement et de l’activisme du GRAHTER a abouti à une intervention possible parce que celle-ci était circonscrite dans un périmètre réduit et déjà délimité dans une zone inhabitée et hors chantier. Ceci étant, la conclusion de l’intervention de l’archéologue, bien que précieuse, n’a pas pu, dans le temps qui lui était imparti, couvrir tout le champ des interrogations qui subsistent et auxquelles les historiens auront du mal à répondre sans l’aide d’investigations plus poussées.
Opacité
Pour conclure ce constat, je préciserai que m’étant adressé à la DRAC le 11 février 2007 pour avoir accès à la carte archéologique régionale et aux rapports d’intervention sur les sites de marronnage depuis 1983, je n’ai eu aucune réponse.(lire la correspondance)
Ainsi confrontés à la gestion prometteuse de l’intervention de mars 2007, tous les exemples passés d'atteinte aux vestiges archéologiques, à la connaissance de l’histoire de la Réunion et à son patrimoine témoignant de la plus haute fantaisie tant dans le domaine de la prévention que dans ceux de la prospection et de la conservation du patrimoine posent le problème de la nécessité d'un bilan complet sur la période allant de 1972 à ce jour et d’une structuration de l'archéologie tenant compte des textes internationaux et nationaux appliqués dans toutes les autres régions de France. Il est tant que soit étendue à la Réunion une législation qui est appliquée dans toutes les autres régions de France.
Fait au Tampon le 20 mars 2007 ;
Roger Théodora .
L'application à la Réunion des lois régissant l'archéologie dans les autres régions françaises: un combat à mener |
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Lors de recherches effectuées en vue de la rédaction d’un livre sur le passé lointain des îles du sud-ouest de l’Océan Indien, mon attention a été retenue par des informations révélant l’état dans lequel se trouvait l’archéologie à La Réunion. Le constat alarmant qui s’est offert à moi m’a conduit à ne pas me contenter d’en parler dans le chapitre XXIX de mon ouvrage, mais à rédiger le rapport suivant que j’adresse aux institutions et personnalités internationales, nationales et régionales concernées par le sujet.
S’il est une évidence qui guide ma démarche, c’est qu’à ce jour, il n’existe officiellement aucune preuve de la présence de l’homme antérieure à l’investissement du lieu par des Européens sur le territoire de l’île de la Réunion. La période considérée ayant vu la fréquentation de l’île par des groupes humains qui, pour diverses raisons, n’ont pas été signalés dans les sources d’informations écrites de leur temps, leur présence ne pouvait être signalée que par des preuves archéologiques qui auraient pu être prétexte à un travail de recherche approfondi ; mais aucun service archéologique digne de ce nom n’ayant jamais été mis en place sur l’île, aucune preuve n’a jamais été prise en compte. Certaines ont même été détournées abusivement par des historiens prisonniers de la seule prise en compte de témoignages écrits. Cette situation paradoxale a, par contamination dans l’approche, également porté préjudice à une lecture de la période de l’histoire allant de 1663 à 1848. Là encore, l’archéologie eût été d’un inestimable secours pour sortir le marronnage de l’image misérabiliste qui lui est attachée par l’histoire traditionnelle et comprendre ce que notre identité moderne lui doit en termes de pratiques culturelles (imaginaire, connaissance et utilisation des espèces florales indigènes et endémiques, médecine traditionnelle, etc.) Le vide archéologique à La Réunion est d’autant plus paradoxal qu’il ne manque pas, tant au plan international que national, de conventions, directives, lois, arrêtés, décrets et circulaires permettant à l’archéologie d’être efficace et que l’archéologie française est structurée, moderne et performante.
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L'exception réunionnaise Comment cela s’est-il traduit dans la pratique ? Un mélange des genres et des discordances majeures La lecture discriminatoire de la loi s’est poursuivie après 1991. En effet, si la Circulaire du 7 octobre 1991 relative à l'organisation des services de l'archéologie des directions régionales des affaires culturelles stipule que |
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Cellule travaux- marchés :
Architecte urbaniste |
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