Protection "gros doigt" de la nature et obsession de la marchandisation des pratiques traditionnelles.
En mettant en ligne le petit enregistrement visible à la page sur les tangues et les guêpes, nous avons voulu mettre en évidence les contradictions dans lesquelles s'enferrent ceux qui, sous prétexte de régenter arbitrairement des pratiques traditionnelles réunionnaises prétendues nocives à l'environ-nement, gèrent les questions de façon technocratique.
Il faut rappeler (voir notre dossier sur les tangues) que traditionnellement, la saison de chasse aux tangues se situait entre la fin mars et le début de la deuxième quinzaine d'avril, quand, la saison de repro- duction terminée et les portées sauvées, le gibier, ayant fait ses réserves de graisse, allait entrer en hibernation.
Avec la folklorisation des pratiques culturelles (fête du tangue), la demande en consommation de ce gibier a pris un essor qui n'a échappé ni à ceux qui pensaient pouvoir en tirer un revenu confortable, ni les institutionnels qui y ont trouvé une source de rentrées d'argent pour l'Etat.
Le principe pour les autorités étant d'habiller leurs décisions d'un masque de vertu, la réglementation de la chasse au tangue s'est parée du prétexte de la préservation de l'espèce. On ne peut donc qu'être étonné de voir que cette année, la chasse au tangue ait été officiellement déclarée ouverte le 16 février.
Or, comme le montre le film, réalisé deux jours avant cette date, les portées n'ont pas encore été toutes sevrées.Ceci fait que la mère et les petits sont très vulnérables car leur territoire est réduit à une zone peu importante autour du terrier. Toute personne avertie sur la question sait que les premières pistes que le flair des chiens détectera seront celles-là. Cela pose le risque d'un déséquilibre de la population des femelles par rapport à celle des mâles, de la diminution du nombre de portées et, à court terme, d'une menace sérieuse sur l'espèce.
Car avec la taxation de fait de la chasse du tangue, si un chasseur s'inscrivant dans la tradition ne dispose pas au minimum de 175 à 200 euros à investir par an dans sa passion, il est condamné à braconner. Et s'il peut se payer l'investissement, il entre inévitablement dans jeu du rapport entre l'investissement et la rentabilisation de la somme investie. Or, la variation des prix (un tangue se négocie entre 10 et 15 euros donne une indication sur la marchandisation du produit et confirme la qualité inégale des individus offerts par les fournisseurs.
A partir de là, la distinction entre bons et mauvais chasseurs met en évidence l'hypocrisie de la norme administrative, voire technocratique de la question. La différence est grande en effet entre un chasseur respectueux de la tradition mais ne disposant pas de permis, donc considéré comme braconnier et un prédateur ayant investi dans un permis de chasse, une licence, des bagues témoins de capture et chassant indifféremment les adultes en état d'être mangés et les jeunes, des femelles allaitantes voire porteuses d'embryons. Et ne nous faisons pas d'illusions. En possession de papiers en règle et de cent bagues, un prédateur peut capturer en toute tranquillité cinq cents tangues, soit cinq fois la valeur et plus de sa mise sans être inquiété.
Cette situation permet de mesurer l'incohérence, voire l'absurdité d'initiatives qui ne tiennent pas compte de la réalité réunionnaise et les conséquences qui en résultent.
R. T.
*Voir aussi le chapitre XXIX de Candide et l’ancien puits paru en 2006
La nouvelle a fait la une du Quotidien de ce jour 28 juillet 2011 : le parc des palmiers de Trois Mares au Tampon est ravagé par un insecte nuisible, l’Eugnoristus monachus, entré probablement en même temps qu'une espèce de palmier importée.
Au vu de l'état dans lequel se trouvent les sujets de la pépinière et même de jeunes palmiers disposés le long des allées du parc, la calamité sévit depuis un certain temps déjà.
Or, l'information à l’origine de l’article du journal ne s'est répandue que depuis quelques jours. Interrogé par le président de l’APN, un membre du conseil d’administration de la FDGDON se disait stupéfait que cette instance n’eût pas été alertée par des techniciens travaillant sur la question. C'est dire si le secret a été bien gardé. Pourquoi ?
La DIREN, la protection des végétaux, le CIRAD, organismes qui auraient dû être sur la brèche dès l’alerte donnée par les techniciens du parc quand le phénomène a été observé étaient-ils au courant de cette situation ?
Bien sûr, après coup, il sera toujours possible de rassurer l’opinion par des effets de communication comme ce fut le cas pour la mouche bleue qui, aux dernières nouvelles, dans des zones où elle a éliminé le raisin maron, s’attaque aux cultures de fraisiers. Mais ces campagnes de communication n’empêcheront pas que nos espèces de palmiers endémiques, depuis le latanier rouge jusqu’au palmiste Roussel (espèce menacée sauvée par l’APN), en passant par les palmiers blanc et rouge des hauts et le palmiste rouge des bas soient d’autant plus menacés que nous savons de source sûre qu’ils sont les plus attaqués par l’insecte.
R.T.
À la page du site du Conseil général de la Réunion consacrée aux Archives départementales, une vidéo pourrait laisser croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Et à l’occasion de la prochaine journée nationale du patrimoine, c’est cette présentation de la réalité qui a toutes les chances d’être médiatisée.
Les deux documents feuilletés pour les besoins de l’illustration sont en effet en parfait état d’être communiqués au public. Et l'image fugace présentant l’atelier de restauration laisse penser à une capacité à gérer la totalité des documents les plus fragiles en très mauvais état.
Le montage vidéo que nous mettons en ligne ici montre qu’il y a loin de la réalité à la communication faite sur la question dans la vidéo du Conseil général. La première partie a été filmée le 23 03 2010 à 8h, à l'ouverture de la salle de lecture. On y voit un morceau de document détérioré la veille par un lecteur et abandonné sur une table.La deuxième partie, filmée le 17 11 2009,présente des documents remis à un lecteur alors que leur état ne permettait pas une manipulation sans risque de détérioration. Ce qui interroge sur les critères de communicabilité des documents.
L'état des feuillets laisse imaginer celui des centaines de documents soustraits à la consultation parce que considérés comme non communicables et l'on peut s'interroger sur les moyens humains et matériels de l'atelier de restauration à faire face à la situation.
Lansiv kréol pense donc qu’il est temps aujourd'hui de poser la question: les archives départementales sont-elles à la hauteur de la mission qui est la-leur ? Le dossier mis en ligne sur le site contribuera à sensibiliser l’opinion à la question.
R.T
Jusqu’à quand ferons nous les frais de la réponse désinvolte des spécialistes au constat de l’amateurisme de leur action ?
En 2006 pour lutter radicalement contre les moustiques, un expert préconisa l’utilisation de Fenitrothion. On en pulvérisa nuit après nuit des doses massives sur les quartiers habités alors que c’était un poison en principe interdit dans les zones résidentielles. Et quand l’opinion commença à s’émouvoir du nombre anormal d’oiseaux retrouvés morts dans les zones traitées intensivement, l’expert eut cette réponse définitive : « J’ai traité au Fenitrothion à l’intérieur de maisons et je n’ai jamais entendu parler de papillon mort après mon passage » (“JIR” 9 février 2006, page 18).
En 2008, le raisin maron (Rubus alceifolius), introduit à La Réunion au XIXème siècle, fut déclaré peste végétale. Pour mener une lutte sans merci contre cette plante, le CIRAD (Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement) introduisit la tenthrède (Cibdela janthina), connue depuis sous le nom de « mouche bleue ». Un an après, les apiculteurs donnèrent les premiers l’alerte, accusant cet insecte de porter préjudice à leur production de miel de baies roses. La réponse du CIRAD fut que la tenthrède n’était en aucune façon concurrente de l’abeille et que sa population diminuerait jusqu’à devenir insignifiante une fois le raisin maron éradiqué. Ici et là, des producteurs de fraises se plaignirent aussi de cette mouche bleue. Moins bien organisés que les apiculteurs, leur voix n’eut pas l’écho des médias.
Sauf que leurs craintes étaient fondées car, comme le raisin maron, la fraise est une Rosacée !
Et voila que dans le Quotidien de La Réunion du 09/02/12, l’APN dénonce que dans une région de l’île où le raisin maron et la « ronce péi » (Rubus apetalus), rosacée elle aussi, partagent le même territoire, la mouche bleue s’attaque à cette dernière espèce plutôt qu’au raisin maron (voir la preuve dans notre dossier). Critiqué à juste titre sur l’étude d’impact préalable au lâcher de tenthrèdes, le responsable de l’unité de recherche concernée du CIRAD balaie la critique d’un argument qu’il veut imparable : le sacrifice d’une plante indigène pour le bien du plus grand nombre.
C’est ce genre de raisonnement qui sous-tend également les tracasseries que le Parc national inflige aux éleveurs traditionnels de la Plaine des Cafres et à tel gérant de camion bar sur la route des laves. On l’observe encore derrière la réglementation du Réserve marine qui a privé une population de condition modeste de la pêche traditionnelle dont elle tirait un revenu.
À croire que pour certains, le qualificatif indigène signifie négligeable !
R.T.
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