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Novembre Décembre2008: Vers un développement durable de l’illettrisme ? - Octobre 2008: L'obsession ethnique. Septembre 2008: Tiens! Revoilà la Coloniale! Août 2008: Vers une dilution identitaire programmée ?! Mai, Juin,Juillet 2008: Le tribut aux financeurs. Avril 2008: Adyé gramoun! Mars 2008: L'aveu. Janvier février 2008 : Mwin la pèr mon pèp la tèt la fini aranzé!
novembre décembre 2008
Vers un développement durable de l’illettrisme ?
L’illettrisme fait partie de ces problèmes de la société réunionnaise sur lesquels les responsables politiques et administratifs peuvent dire tout et son contraire sans risquer de se faire reprendre. Forcément ! Les intéressés ne lisent pas les journaux, sont marginalisés et prennent leur situation avec un fatalisme démobilisateur.
Les journalistes qui se sont fait l’écho de l’information officielle vantant l’évolution positive de la situation "120000 illettrés en 1996 et 100000 en 2007" auraient dû lire le bulletin 87 de janvier 1997 de l’INSEE qui précisait « qu’il y a encore 100000 illettrés partiels ou totaux à La Réunion dont près de 40000 ont plus de 55 ans. » Si le total d’illettrés et d’analphabètes n’a pas changé, les analphabètes (jamais scolarisés) de plus de 55 ans sont aujourd’hui 10000, suivant l’évolution des statistiques de 1982 à 2007. Ainsi le nombre d’illettrés produits par le système scolaire, passant de 60000 en 1996 à 90000 en 2007, a augmenté de 50%.
Et l’aggravation de la situation à venir est inscrite dans la conjonction de la scolarité d’enfants d’illettrés plus fragiles que ceux des analphabètes des années 70 et la prise en charge par l’école d’enfants de 3 ans dont un pourcentage non négligeable est déstabilisé par une maternelle inadaptée (*).
Tout le monde le sait. Les signataires des chartes de 2002 et 2007 (l’Etat, la Région, le Département, l’Académie), les organismes de lutte contre l’illettrisme (AREP, CARIF, OREF CIRILLE…) savent que ce qu’ils nomment thérapeutique se résume à des soins palliatifs. Mais aucun décideur (individu, institution, courant d’idée) n’accepterait de remettre en cause la pensée dominante en la matière car cela ouvrirait la voie à un regard critique global sur un ordre établi avec lequel tous ont partie liée.
.......................R.T
(*) Voir le dossier mis en ligne dans languecréole et particulièrement droit d’inventaire.
octobre 2008
L’obsession ethnique
La péripétie du refus du foulard dans un lycée de la Réunion fait la démonstration que ce principe d’égalité pour tous dont se prévaut la République française sous entend que tous soient semblables, qu’ils entrent dans le moule produit par la seule aventure humaine hexagonale ?
C’est que le repli identitaire contre lequel sans cesse on met en garde les îliens que nous sommes se manifeste dans ce modèle hexagonal qui bafouille lorsque des composantes que ses tenants ressentent comme exogènes pourraient, selon eux, polluer son identité ? À partir de ce moment, les garde-fous qui ont permis à la France hexagonale de concilier son héritage historique et les exigences de son évolution sociologique sont devenus des barrières à son ouverture sur le monde actuel.
À croire que la France des Droits de l’Homme, généreuse dispensatrice de principes du temps de sa splendeur, ait été rattrapée et dépassée par l’Histoire.
Le paradoxe, pointé du doigt dans l’Hexagone, devient insupportable lorsque l’application du dispositif législatif s’étend à une « possession » - le terme est du Général de Gaulle - dont tout historien objectif conviendra que son peuple a eu, en 350 ans d’existence, un cheminement identitaire différent de celui de l’Hexagone.
En prêtant, par des procès d’intention, aux jeunes Réunionnaises attachées au port du foulard, des arrière-pensées prosélytiques, on a monté en épingle la question ethnique au moment même où un soldat Réunionnais tombait en Afghanistan. Ce faisant, sous couvert de laïcité, c’est à une véritable opération de déstabilisation de l’identité réunionnaise qu’on s’est livré.
Pauvre nation, dont les représentants coupés de la réalité des « possessions » se croient obligés d’y transférer leurs propres fantasmes identitaires et les dérives afférentes !
.......................R.T
Septembre 2008
Tiens! Revoilà la Coloniale!
En suivant dans les médias l’ampleur donnée à la Réunion aux discours patriotiques officiels suscités par la mort d’un jeune militaire en Afghanistan, je me suis souvenu du chant que j’avais appris dès mon entrée à l’école, il y a soixante deux ans :
Mourir pour la patrie,
c’est le sort le plus beau,
le plus digne d’envie…
Et je me suis demandé quelles vocations sacrificielles un chant comme celui-là avait pu susciter chez les jeunes Réunionnais qui alimentèrent les bataillons envoyés par la puissance coloniale française en Indochine, à Madagascar et en Algérie… où certains laissèrent leur vie. En ce temps-là, la politique impérialiste française s’affichait sans complexe.
Et puis, il y eut une période d’interventions discrètes. Ce fut l’époque des guerres fratricides entre clans dans les anciennes colonies d’Afrique. Conseillers, formateurs et mercenaires se substituèrent aux corps expéditionnaires importants. Comme au Tchad, aux Comores, au Rwanda etc... Aujourd’hui que la France s’est alignée sur le modèle interventionniste des États-Unis,il faut à nouveau de la chair à canon. Il reste encore dans les DOM-TOM une réserve d’indigènes où l’armée de métier peut s’approvisionner. La presse a été très discrète sur la proportion d’originaires d’Outremer blessés ou tués à Uzbeen. Aussi faut-il souligner que les DOM-TOM qui représentent 10% de la population française ont eu 7 blessés sur 21, soit 30%. Le Réunionnais tué représente 10% des pertes alors que La Réunion ne compte que 1,33% de la population française.
Tout ça dans une guerre impérialiste qui ne veut pas dire son nom et dont l’enjeu réel se justifie par la lutte contre les Talibans dont l’image est de plus en plus assimilée à celle des tribus Pachtounes bombardées par les forces de l'OTAN. ............................................................................................. ..........................................................R.T. .................................................................................................................................................................................. ....................................................................................Vidéo : la réalité afghane par Eric Margolis
août 2008.
Vers une dilution identitaire programmée ?!
La presse du 4 août nous apprend que des fouilles sauvages ont été effectuées à la Pointe de la Table par de prétendus « chercheurs de trésors ». Une pierre gravée qui aurait un intérêt patrimonial a été subtilisée.
La DRAC qui a, entre autres missions, le devoir de repérer ce genre d’infraction et d’alerter l’autorité préfectorale n’a, semble-t-il, pas été au courant.
Pourtant, il ne s’est pas agi d’une opération à la dérobée, menée en quelques heures, mais d’une entreprise de longue haleine organisée avec des moyens matériels très importants tels qu’étais métalliques et rampe pour évacuer les déblais.
Compte tenu du nombre de pêcheurs, d’agents de l’ONF à l’affût des braconniers, de touristes et de guides qui passent dans les parages, il est impossible que les autorités compétentes n’aient pas été informées de l’anormalité de ce qui se passait dans le coin, voire de l’identité des prédateurs.
Voilà une pièce de plus à mettre au dossier que Lansiv kréol a consacré à l’inadéquation entre les belles paroles sur le patrimoine et les carences, spécifiquement réunion- naises, du dispositif indispensable à la veille archéologique, à la sauvegarde et à la mise en valeur de ressources qui, en enrichissant la connaissance du passé de l’île nous permettent de mieux comprendre notre identité.
Hélas ! Pour des besoins de publicité touristique tapageuse, les choix actuels privilégient les sites naturels au détriment du cheminement, moins spectaculaire et moins convenu qu’on ne le pensait, de l’identité de notre peuple.
J’en veux pour preuve la mission Bizot dont les conclusions ne semblent pas avoir été exploitées par ces mêmes historiens qui avaient occupé les premières loges pendant la durée des fouilles.
.........................................................R.T
Mai, juin, juillet 2008
Le tribut aux financeurs.
Se donne-t-on la peine d'analyser l’accumulation d'atteintes aux pratiques culturelles et cultuelles des Réunionnais et de frustrations qu'engendre l'application à la lettre de textes nationaux et européens inadaptés à la situation locale? Pense-t-on à analyser les décisions prises localement par des technocrates de certaines administrations qui, pour pallier la réduction drastique des crédits et la compression inévitable du personnel, cherchent des solutions à leurs missions au détriment des pratiques réunionnaises vivaces?
Pour culpabiliser les victimes dont la frustration enfle, on leur propose le choix entre l'argent de la France, l'argent de l'Europe qui font d'eux des privilégiés et le sort de ceux qui, dans les pays de la zone, ne disposant pas de cette manne, sont exclus des situations dont ils bénéficient.
Tactique efficace auprès d'une grande partie de la population, « travaillée » depuis près de cinquante ans par les agents d'une politique d'acculturation. Pourtant, cette entreprise a ses limites. Il arrive un point où elle provoque non pas la résignation mais une résistance concertée d'autant plus irréductible qu'elle se sent légitimée par la survie du vécu le plus indispensable ou le plus intime de ceux qui se sentent agressés. Deux exemples actuels et significatifs sont la volonté de soumettre aux normes européennes des sacrifices de cabris ou encore la verbalisation d’un pêcheur au motif qu’il avait sollicité l’aide conjoncturelle d’un parent plaisancier…. au nom du postulat que la Réunion est française et européenne. C'est oublier que depuis toujours, la Réunion a été une île de l'océan Indien, peuplée par des hommes venus d'Europe certes, mais aussi de Madagascar, d'Afrique, d'Inde et de Chine et qui a eu son propre parcours identitaire. La France et l'Europe accepteront-elles un jour d’adapter leurs règlements à cette réalité?
...........................................R.T.
Avril 2008
Adyé Gramoun!
Aimé Césaire la parti dann gran zangoun tout zinvité!
Je ne voudrais pas reprendre ici les formules classiques sur le grand poète, chantre de la négritude, ou sur l'homme politique avisé. Non! je voudrais simplement me souvenir...
C'était en 1960, à Paris. Jeune Réunionnais tiraillé entre l'ancrage construit dans ma petite enfance par la forte personnalité d'une arrière-grand-mère noire et illettrée et l'idéologie albophile distillée par l'école coloniale et la classe dominante de la société dyonisienne, je tombai par hasard sur quelques vers d'un poète, Aimé Césaire, inconnu des listes d'auteurs et anthologies qui m'avaient été proposées au lycée et à l'université.
Fasciné, je me mis à lire et relire d'autres écrits du poète. Et ils changèrent mon regard sur la réalité de mon île, sur mon peuple, sur ma propre existence.
Dire que Césaire fut le seul à m'avoir influencé dans mon engagement anticolonialiste et mon cheminement vers une créolité assumée serait inexact. Mais avant tout autre, il me révéla la fausseté de l'assertion que m'avaient proposée ceux qui avaient voulu me convaincre jusqu'alors que je n'étais qu'un appendice caricatural d'une entité qui me dépassait.
Je voudrais ici, en hommage à celui que j'appelle avec beaucoup de respect "Gramoun Césaire ", réciter ces vers qui sont restés pour moi une référence:
Donnez-moi la foi sauvage du sorcier
donnez à mes mains puissance de modeler
donnez à mon âme la trempe de l’épée
je ne me dérobe point.
Faites de ma tête une tête de proue et de moi-même, mon coeur, ne faites ni un père, ni un frère, ni un fils, mais le père, mais le frère, mais le fils,
ni un mari mais l’amant de cet unique peuple.
Faites-moi rebelle à toute vanité, mais docile à son génie comme le poing à l’allongée du bras!
Faites-moi commissaire de son sang
faites-moi dépositaire de son ressentiment
faites de moi un homme de terminaison
faites de moi un homme d’initiation
faites de moi un homme de recueillement
mais faites aussi de moi un homme d’ensemencement
faites de moi l’exécuteur de ces oeuvres hautes
voici le temps de se ceindre les reins comme un vaillant homme —
Mais les faisant, mon coeur, préservez-moi de toute haine
ne faites point de moi cet homme de haine pour qui je n’ai que haine
car pour me cantonner en cette unique race
vous savez pourtant mon amour tyrannique
vous savez que ce n’est point par haine des autres races
que je m’exige bêcheur de cette unique race
que ce que je veux
c‘est pour la faim universelle
pour la soif universelle
la sommer libre enfin
de produire de son intimité close
la succulence des fruits.
..........................................Extrait de "Cahier d'un retour au pays natal"
Mars 2008
L'aveu.
Quarante-sept ans après, de la bouche du Secrétaire d'Etat à l'Outremer, nous avons confirmation de l’esprit dont la France s’inspira à l’époque pour un discret et éphémère plan* consistant à organiser des transferts de populations pour garantir à la France la mainmise définitive sur les DOM.
Dans la zone Antilles Guyane, son application risquant d’aboutir à l’inverse du résultat escompté et de faire le jeu de l'hégémonie des Etats Unis, il fut abandonné.
À la Réunion, ce transfert s’est alimenté, depuis 1950, en immigrants venus de l’Hexagone. Dans les décennies qui suivirent la décolonisation, il s’enrichit d’anciens de l’Algérie et des autres anciennes colonies africaines. L’INSEE est discret sur leur nombre. Quant aux migrants autochtones, entre 180000 et 220000 à ce jour, ce furent des vagues de jeunes canalisés par le BUMIDOM, l'ANT ou le CNARM, ou de familles paysannes victimes des crises agricoles des années 60. Mais il y eut aussi des enfants volés à leurs familles et déportés dans des campagnes déshéritées de l’Hexagone.
Ce qu’un politologue local qualifie aujourd'hui, à la Réunion, de « décolonisation interne réussie », et qui se traduit par une remise en cause, un étouffement et une marginalisation de plus en plus insupportables pour ceux des Réunionnais qui restent ancrés dans leur identité, se heurte à Mayotte, par kwasa-kwasa interposés, à l’identité culturelle de l’archipel des Comores. À l’analyse, les paroles de Christian Estrosi sont édifiantes sur l’enjeu : la vivacité identitaire comorienne serait une menace pour « la population franco-mahoraise ».
C’est ce comportement qui a fait qu’après avoir tari les relations humaines que la Réunion avait eues, depuis le début de son histoire,avec Madagascar et Maurice, la France mène depuis quarante ans, une entreprise d’assimilation des générations d’autochtones nés sous la départementalisation. Pour quel bilan humain ?
................................................................R.T.
* C'est sous le nom de "Plan Nemo" que nous avons eu connaissance de ce projet en 1962.
Koz pou di kwé ! / Quand le silence est d'or!
Le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer, Christian Estrosi, a déclaré, vendredi 22 février 2008, sur France 2:
"Nous avons aujourd'hui à Mayotte 30 % de la population qui est en situation clandestine, irrégulière, et dans dix ans, elle pourrait être majoritaire par rapport à la population franco-mahoraise. Il est important d'envoyer un signe fort. Nous pourrions prendre une décision exceptionnelle qui fasse que tout enfant né de parents en situation irrégulière ne puisse plus réclamer son appartenance à la nationalité française"
janvier février 2008
Mwin la pèr mon pèp la tèt la fini aranzé!
Ériger en parc national une partie de la Réunion et postuler à son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO, s’ériger à coups de lois et décrets en protecteurs de la zone contre une population qui avait vécu en osmose avec le site depuis des générations et puis… initier une opération qui défigurera la partie la mieux préservée jusqu’à ce jour !
Être paré de l’auréole de grand prêtre en matière d’architecture et… par ignorance de l’histoire –non pas ancienne – mais de la Réunion du XXe siècle , donner, «en [se] fiant à [son] instinct » l’autorisation de démolir un bâtiment témoignant d’une composante de notre identité.
Alimenter en faux-fuyants, année après année, des séances de communication pour éviter la réalité de l’échec de l’enseignement se traduisant par une croissance de 60 % de l’illettrisme en vingt ans. Camoufler l’ampleur du désastre en occultant le fait que, dans cette période, tous les natifs qui ont émigré et tous les migrants venus de France ou d’autres pays européens maîtrisaient la lecture et l’écriture. Et savoir ! Savoir que la cause de cet illettrisme, face visible d’un désastre humain encore plus inadmissible, (déstructuration de l’individu, déstabilisation de la cellule familiale, perte de repères culturels, comportements suicidaires pour l’individu et pour la société) est, pour la quasi totalité des Réunionnais concernés,le fruit d'une politique scolaire ne prenant pas en compte ceux dont les parents vivent encore l’identité culturelle de cette île.
Voila trois exemples entre cent, d’atteinte au patrimoine, à l’identité culturelle, à la survie même de notre civilisation forgée en trois siècles. Et ils ne semblent pas mobiliser des foules.
Pauvre Réunion qui se mobilise derrière les autorités du monde politique, économique et religieux confondues pour sauver la couronne d’une « miss France 974 » !
La tèt la Rényon lé vréman aranzé, foutor !!!
................................................................R.T.
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